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Et il courut plus vite. Un instant après, il se sentit arrêter à son tour.

le gendarme.

Ah ! tu te sauves devant les gendarmes, mon garçon : mauvais signe ! Il faut que tu viennes avec ton camarade, qui a une si belle montre avec une si belle chaîne ; le tout est mal assorti avec sa redingote de gros drap et ses souliers ferrés.

frédéric.

Lâchez-moi, Monsieur le gendarme. Je suis innocent, je vous le jure. Je n’ai rien sur moi, ni montre, ni chaîne.

le gendarme.

Nous allons voir ça, mon mignon ; tu vas venir avec nous devant M. l’Anglais, qui a déclaré avoir été volé de tout son or, de sa montre et de sa chaîne. »

Frédéric tremblait de tous ses membres, le gendarme le soutenait en le traînant. Alcide, non moins effrayé, payait pourtant d’effronterie ; il soutenait que sa montre et sa chaîne lui avaient été données par l’excellent M. Georgey ; il indiquait l’horloger qui la lui avait vendue, le bijoutier qui venait de lui vendre sa chaîne.

Son air assuré, ses indications si précises, ébranlèrent un peu les gendarmes ; celui qui l’escortait lui dit avec plus de douceur :

« Eh bien, mon ami, si tu es innocent, ce que nous allons savoir tout à l’heure, tu n’as rien à craindre des gendarmes. Nous voici près d’arriver. M. Georgey, comme tu l’appelles, saura bien te reconnaître et nous dire que tu ne lui as rien volé,