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ment tout cet or a-t-il pu venir dans ma poche ? Je ne me souviens de rien que d’avoir dîné et puis dormi au théâtre.

bonard.

Écoute, Julien, M. Georgey n’était-il pas un peu gris comme toi ?

julien, avec hésitation.

Je crois bien que oui, Monsieur… Un peu, car ses jambes n’étaient pas solides ; il marchait un peu de travers dans la rue. Alcide et Frédéric le soutenaient.

bonard.

C’est peut-être lui qui t’a mis tout cela lui-même dans ta poche.

julien.

Je ne peux pas garder ça, M’sieur. Si c’est lui, bien sûr il ne savait guère ce qu’il faisait. J’étais près de lui, il se sera trompé de poche ; il l’aura voulu mettre dans la sienne et il l’a mis dans la mienne… Oh ! M’sieur, laissez-moi lui reporter cet argent tout de suite, qu’il ne croie pas qu’il a été volé.

bonard.

Tu le lui reporteras demain, mon ami ; il est trop tard aujourd’hui. Tu le trouverais couché, et, comme il a trop bu, il ne serait pas facile à éveiller.

julien.

Ce pauvre M. Georgey ! Ce n’est pas sa faute. Je me souviens, à présent, qu’Alcide le pressait toujours de boire, et qu’il lui mettait du vin blanc