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Et il sortit. Julien le suivit, chancelant plus que l’Anglais. Alcide dit au garçon :

« Apportez-moi le reste ; c’est moi qui lui garde sa monnaie. »

Le garçon rapporta à Alcide les dix francs restants ; celui-ci les mit dans sa poche.

le garçon.

Et le garçon, M’sieur ?

alcide.

C’est juste. Frédéric, donne-moi deux sous. »

Frédéric les lui donna ; Alcide les mit dans la main du garçon, qui eut l’air fort mécontent et qui grommela :

« Quand je verrai le maître, je lui dirai la crasserie de ses valets. »

Malgré que M. Georgey fût habitué à boire copieusement, la quantité de vin qu’il avait avalé et le mélange des vins firent leur effet : il n’avait pas ses idées bien nettes. Julien, qui ne buvait jamais de vin, se sentit mal affermi sur ses jambes ; ils marchaient pourtant, suivis de Frédéric et d’Alcide ; plus habitués au vin et plus sages que Julien, ils avaient peu bu et conservaient toute leur raison. Ils dirigèrent la marche du côté du théâtre, où ils firent entrer M. Georgey et Julien. Alcide paya les quatre places, se promettant bien de rattraper son argent avec profit. C’était là que les avait vus Bonard entre deux et trois heures de l’après-midi. On jouait des farces ; tout le monde riait. Après les farces vint une pièce tragique. Alcide profita de l’attention des spectateurs, dirigée sur la scène, et de l’assoupissement de M. Georgey