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qu’il passa à ses convives, et mangea le reste. Alcide remplissait sans cesse le verre de l’Anglais, qui buvait sans trop savoir ce qu’il avalait. Alcide commença à mélanger le vin blanc au vin rouge pour le griser plus sûrement. Julien buvait le moins qu’il pouvait.

M. Georgey appela :

« Garçone !

le garçon.

Voilà, M’sieur !

m. georgey.

Apportez vitement Champagne, madère, malaga, cognac. Vitement ; j’étouffais, j’avais soif. »

M. Georgey ne s’apercevait pas du manège d’Alcide, du mélange des vins, et du nombre de verres qu’il lui versait sans cesse.

Le reste du dîner fut à l’avenant ; M. Georgey demanda encore des bécasses, des légumes, quatre plats sucrés, des fruits de diverses espèces, des compotes, des macarons, des biscuits, un supplément de vin.

Quand il demanda la carte, qui était de quatre-vingt-dix francs, il dit :

« C’était beaucoup, mais c’était une bonne cuisson. Moi revenir… Voilà. »

Il posa sur la table cent francs, se leva et se dirigea vers la porte en chancelant légèrement.

le garçon.

Si M’sieur veut attendre une minute, je vais apporter la monnaie à M’sieur.

m. georgey.

Moi attendais jamais. »