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cachette, saisit une pince, brisa un panneau de l’armoire et arracha la serrure.

alcide.

À présent, viens vite : il n’y a pas de temps à perdre ; on croira que les voleurs, ne trouvant pas la clef, ont tout brisé ; de cette façon, on ne te soupçonnera pas, toi qui connais la cachette. Courons vite, nous nous amuserons joliment ; je garderai le reste de l’argent, nous en avons pour longtemps, et nous n’aurons plus besoin de l’Anglais. »

Et, entraînant le malheureux Frédéric terrifié, qui avait plus envie de pleurer que de s’amuser, ils coururent prendre le chemin de traverse et disparurent bientôt derrière une colline.

Ils s’arrêtèrent quelque temps dans un bois. Alcide eut peur que le visage consterné de son ami n’attirât l’attention. Il chercha à le remonter.

« Allons, Frédéric, lui dit-il, remets-toi. De quoi t’effrayes-tu ? Ce n’est pas un grand crime que d’être parti quelques minutes avant l’heure. Pouvais-tu prévoir qu’on viendrait voler dans la ferme, tout juste pendant ces quelques minutes d’absence ? Tu diras à tes parents que c’est un bonheur que tu sois parti plus tôt, parce que les voleurs t’auraient peut-être tué ; tu diras qu’ils étaient probablement plusieurs pour avoir pu briser une serrure aussi forte. Tu prendras un air effrayé, indigné ; tu chercheras les traces des voleurs ; tu diras que tu te souviens à présent avoir vu passer des chemineaux, etc., etc.

frédéric, tremblant.

Ils ne me croiront peut-être pas ?