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Julien faire des emplettes et que nous soyons de retour à midi.

m. georgey.

Et lé pétite nigaude Juliène disait pas à moi les emplettes. Il disait rien. Jé allais manger un pièce. Caroline, Caroline ! vitement thé, crème, toast. Beaucoup toast, beaucoup tasses, beaucoup crème. Vitement, Caroline. »

Caroline se dépêcha si bien, qu’un quart d’heure après, le thé et les accompagnements du thé étaient apportés dans la salle. M. Georgey força Mme Bonard et Julien à se mettre à table et à manger. Comme ils n’avaient encore rien pris, ce petit repas improvisé fut avalé avec plaisir. M. Georgey mangea une douzaine de toasts, c’est-à-dire des tartines de pain et de beurre grillées ; chacune d’elles était grande comme une assiette. Quatre de ces tartines eussent étouffé tout autre, mais M. Georgey avait un estomac vigoureusement constitué ; il n’éclata pas, il n’étouffa pas, et il se leva satisfait et pouvant sans inconvénient attendre l’heure du dîner. Un petit verre de malaga acheva de le réconforter ; et, prenant son chapeau, il sortit avec Mme Bonard et Julien après avoir pris la précaution de glisser dans sa poche une poignée de pièces d’or.

La ville n’était pas loin ; le temps était magnifique ; ils arrivèrent au bout d’une demi-heure de marche. Pendant qu’ils achètent, que M. Georgey paye, qu’il fait d’autres emplettes pour son compte, châles, robes, fichus, bonnets, pour Mme Bonard, vêtements, chaussures, chapeau, etc., pour Julien,