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Et, sans faire attention à Julien, Frédéric courut pour arriver à la maison le premier.

Quand il entra, il commença son explication avant qu’on ait eu le temps de l’interroger. Et il ajouta :

« Sans entrer chez le maréchal, j’ai bien vu, mon père, que vous n’y étiez pas, et je suis revenu en courant, pensant que vous ne seriez pas fâché d’avoir un coup de main.

bonard.

Merci, mon garçon ; mais quel est l’imbécile qui t’a fait le conte du cheval déferré.

frédéric, embarrassé.

Je ne sais, mon père ; c’est sans doute un des nouveaux ouvriers de l’usine, car je ne l’avais pas encore vu dans le pays.

bonard.

Mais comment me connaît-il ?

frédéric.

Il ne vous connaît pas, je pense. Quand je lui ai demandé s’il vous avait rencontré (car il venait comme de chez nous), il m’a répondu qu’il venait de voir passer un homme avec deux chevaux dont l’un était déferré ; alors j’ai pensé que vous étiez chez le maréchal.

bonard.

Allons, c’est très bien mais où est Julien ?

frédéric.

Il est resté en arrière ; le voilà qui arrive. »

Julien entra.

madame bonard.

Viens achever ton souper, mon pauvre Julien,