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julien.

Je venais chercher Frédéric, parce que M. et Mme Bonard m’ont envoyé voir où il était. On est à table depuis quelque temps.

alcide.

C’est-il vexant ! Ce mauvais garnement va te dénoncer. Prends garde !

julien.

Je ne l’ai jamais dénoncé, vous le savez bien tous les deux. Pourquoi commencerais-je aujourd’hui, à la veille de quitter la maison ?

alcide.

Qu’est-ce que tu vas dire ?

julien.

Je n’en sais rien, cela dépend ; si on m’interroge, je dirai la vérité, bien sûr. Qu’il rentre le premier, il parlera pour lui-même ; alors on ne me demandera rien.

frédéric, inquiet.

Qu’est-ce que je dirai ?

alcide.

Tu diras que tu as été au champ par la traverse ; que, voyant la charrue dételée et restée dans le sillon, tu as pensé que ton père était rentré par l’autre chemin. Que tu as rencontré un ouvrier qui t’a dit que ton père était chez le maréchal pour faire ferrer un cheval, et que tu en revenais quand tu as rencontré Julien.

frédéric.

Bon, je te remercie ; tu as toujours des idées pour te tirer d’affaire. »