Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
frédéric.

Qu’est-ce qui gardera les dindes si tu t’en vas ?

julien.

Elles ne mourront pas pour rester un jour dans la cour avec du grain à volonté.

frédéric.

Mais il faudra bien que quelqu’un reste pour garder la maison.

julien.

Ah bien ! on t’y fera rester sans doute.

frédéric, indigné.

Moi !… par exemple ! Moi le fils de la maison ! Pendant que toi tu irais t’amuser ! Toi qui es ici par charité pour servir tout le monde !

julien, attristé.

Je n’y resterai pas longtemps ! Ce ne sera pas moi qui te ruinerai.

frédéric.

Et où iras-tu ? Qu’est-ce qui voudra de toi ?

julien.

Ne t’en tourmente pas. Je suis déjà placé.

frédéric.

Placé ! Toi placé ? Et chez qui donc ?

julien.

Chez M. Georgey. Le bon M. Georgey, qui veut bien me garder chez lui. »

Frédéric retomba sur sa chaise dans son étonnement. Julien serait à la place qu’ambitionnait, qu’espérait Alcide ! Une place si pleine d’agréments, près d’un homme si facile à tromper ! Et c’était ce petit sot, ce petit pauvrard qui profitait de tous ces avantages !