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Julien le suivit des yeux quelque temps.

« J’irai, se dit-il. Je vais demander à Mme Bonard d’y aller. J’irai avec le bon M. Georgey, et peut-être lui serai-je utile. »

Alcide se disait de son côté :

« Il ira, bien sûr qu’il ira. Il se figure qu’il nous empêchera de faire nos petites affaires. Mais il est certain qu’il nous y aidera sans le savoir… Ce Frédéric est embêtant tout de même. S’il avait bien voulu m’écouter, nous n’aurions pas eu besoin de ce grand nigaud d’Anglais pour nous amuser… Ce n’était pourtant pas si mal de chiper à ses parents une pièce de dix francs. Le bien des parents n’est-il pas le nôtre ? Avec cela qu’il est seul enfant et que ses parents ne lui donnent jamais rien pour s’amuser… Mais, faute de mieux, l’Anglais fera notre affaire. Nous le griserons et puis nous verrons… Si Julien y va avec lui,… nous le griserons aussi, nous lui ferons faire ce que nous voudrons et nous lui mettrons tout sur le dos. Et puis, d’ici à demain, je trouverai peut-être un moyen de me procurer l’argent. Vive la joie ! Vive le vin, la gibelotte et le café ! Je ne connais que ça de bon, moi ! »