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m. georgey.

Pétite Juliène, je voulais. C’était pour acheter lé inexpressible (pantalon). »

Et, comme la veille, il le força à accepter la pièce de vingt francs.

Le surlendemain, même visite et une troisième pièce d’or.

« C’était pour acheter une gilète et une couverture pour ton tête. Jé voulais. »

Pendant deux jours encore, M. Georgey lui fit prendre de force sa pièce de vingt francs. Julien était reconnaissant, mais inquiet de cette grande générosité.

Tous les jours il remettait sa pièce d’or à Mme Bonard en la priant de s’en servir pour les besoins du ménage.

julien.

Moi, je n’ai besoin de rien, maîtresse, grâce à votre bonté ; et je serais bien heureux de pouvoir vous procurer un peu d’aisance.

madame bonard.

Bon garçon ! je te remercie, mon enfant ; je n’oublierai point ce trait de ton bon cœur. »

Mme Bonard l’embrassa, mit sa pièce d’or dans un petit sac et se dit :

« Puisse l’Anglais remplir ce sac ; ce serait une fortune pour cet excellent enfant ! Quel malheur que Frédéric ne lui ressemble pas ! »

La veille du jour de la foire, M. Georgey vint à la ferme Bonard.

« Madme Bonarde, dit-il en entrant, combien il reste de turkeys à vous ?