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madame bonard.

Les as-tu enfermés ?

frédéric.

Je crois bien ; mais après qu’ils m’ont fait courir plus d’une heure.

madame bonard.

C’est bon, tais-toi !

bonard.

Qu’as-tu donc, femme ? tu as l’air tout en colère contre Frédéric ; il n’a pas fait pourtant grand mal en se reposant une heure.

madame bonard.

Bah ! il n’était pas fatigué ; il n’avait pas besoin de se reposer.

bonard.

Qu’en sais-tu ?

madame bonard.

Je sais ce que je sais. Frédéric, va me chercher des pommes de terre et le morceau de porc frais dans la cave. »

Frédéric, étonné du ton sec de sa mère, sortit tout troublé et alla à la cave, mais pour n’y rien trouver, puisqu’il venait de manger avec Alcide ce que sa mère demandait.

« Que vais-je dire ? se demanda-t-il. Alcide me conseille de nier que j’y ai touché, mais ils ne le croiront pas. Cet Alcide est par trop gourmand ; j’avais beau lui dire de n’y pas toucher, de nous contenter de ce qu’on m’avait laissé (et il y en avait grandement pour deux), il m’a fallu lui céder. Il m’aurait battu ! C’est qu’il me tient, à présent. J’ai partagé avec lui le profit des dindons, et je ne