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m. georgey.

Alors nous tous partir à la fois, et moi aider pour les turkeys avec ma pétite Juliène, et moi converser avec lé pétite Juliène. Jé commençais.

« Écoute mon raison, pétite Juliène. Tu avais battu Caroline pour les turkeys, c’était très tort joli ; tu avais dit no, no, pour son money, c’était plus excellent encore. Tu avais battu moi, fort, très fort, c’était admirable, et jé dis admirable !

« Alors j’avais dit dans mon cervelle : Pétite Juliène était une honnête créature ; quoi il faisait avec Mme Bonarde ? Il gardait les turkeys. Ce n’était pas une instruction, garder turkeys et batter moi et Caroline. Jé voulais faire bien à pétite Juliène jé lé voulais. Quand jé disais, jé lé voulais, jé faisais. Écoutez encore.

« Jé un grande multitude de money. Jé donnais à pétite Juliette des habillements ; jé payais lé master dé lecture et dé l’écriture, et dé compteries, et dé dessination, et jé lé prenais pour mon fabrication, et pour mon dessinement, et jé lé prenais pour mon comptement, et pour mon caissement ; et jé lé faisais un grande instruction, et jé lui avais un grande fortune. Voilà, pétite Juliène. Tu voulais ? Mme Bonarde voulait. Moi, jé voulais, tout le monde voulait. »

Tout le monde se regardait, et personne ne savait que répondre. Refuser de si grands avantages pour Julien était une folie et un égoïsme impardonnable. Mais perdre Julien était pour les Bonard un vrai et grand chagrin. Ils se taisaient, ne sachant à quoi se résoudre.