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fouetter elle-même devant moi, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de peau sur le dos. Va, petit gredin, petit menteur, va rejoindre tes scélérats de frères et sœurs. Et prenez garde à vous ; si j’apprends qu’on ait maltraité mes petits amis Jacques et Paul, on aura affaire à moi. »

Yégor se retira effrayé et tremblant ; il courut dire à sa mère, à ses frères et à ses sœurs ce qu’il venait d’entendre de la bouche de son oncle.

Mme Papofski pleura de rage, les enfants frémirent d’épouvante.

Après quelques minutes données à la colère, Mme Papofski se souvint des six cent mille roubles de revenu de son oncle : elle réfléchit et se calma.

« Écoutez-moi, dit-elle à ses enfants ; je veux que vous soyez doux, complaisants et même aimables pour ces Français. Si l’un de vous leur dit ou leur fait la moindre injure, leur cause la moindre contrariété, je le fouette sans pitié ; et vous savez comme je fouette quand je suis fâchée ! »

Les enfants frémirent et promirent de ne jamais contrarier les petits Français.

« Et, quand vous les verrez, vous leur demanderez pardon ; entendez-vous ?

— Oui, maman, répondirent les enfants en chœur.

— Et, quand vous causerez avec votre oncle, vous lui direz chaque fois que vous aimez tous ces Français.