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vous ne me croiriez pas et alors c’est moi qui me fâcherais, et ce ne serait pas bien.

Le général, souriant.

Ah ! tu te fâcherais ? Et que ferais-tu ? Tu me gronderais, tu me battrais ?

Jacques

Non, général ; je ne commettrais pas une si mauvaise action ; mais en moi-même je serais en colère contre vous, je ne vous aimerais plus pendant quelques heures ; et ce serait très mal, car vous avez été si bon pour papa, maman, pour Paul, pour moi, que je serais honteux ensuite d’avoir pu vivre quelques heures sans vous aimer.

— Bon, excellent garçon, dit le général attendri, en lui caressant la joue ; tu m’aimes donc réellement malgré mes humeurs, mes colères, mes injustices ?

— Oh oui ! général, beaucoup, beaucoup, répondit Jacques en appuyant ses lèvres sur la main du général, nous vous aimons tous beaucoup.

Le général

Mes bons amis ! et moi aussi je vous aime ! Vous êtes mes vrais, mes seuls amis, sans flatterie et avec un véritable désintéressement. Je vous crois, je me fie à vous et je veux votre bonheur. »

Le général, de plus en plus attendri, essuyait ses yeux d’une main, et de l’autre continuait à caresser les joues de Jacques. La porte s’entr’ouvrit doucement, et la tête de Yégor parut.

« Mon oncle, maman vous fait demander de lui