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ral ne se lassait pas de redemander encore et encore de chaque plat. Le vin était bon, le café excellent, l’eau-de-vie vieille et vrai cognac. Le prince Romane joignit ses éloges à ceux du général, et, quoique ses démonstrations fussent moins énergiques, il lui arriva deux fois de redemander des plats servis et accommodés par les deux sœurs.

Après le repas et après une promenade dans les domaines d’Elfy et de Moutier, on se dirigea vers l’auberge du Général reconnaissant. Natasha, ses frères et leurs amis couraient en avant et admirèrent avec une gaieté bruyante l’effigie rubiconde du vieux général. Toute la société entra dans la maison de Dérigny, qui avait été préparée pour recevoir le général et sa famille ; les domestiques et les femmes de chambre y étaient déjà et rangeaient les effets de leurs maîtres. L’auberge était grande ; chacun eut une chambre spacieuse et confortable ; le général eut son salon ; Mme Dabrovine eut également le sien ; Natasha, Alexandre, Michel et même le prince Romane, virent avec grand plaisir un billard dans une pièce près de la salle à manger et du salon.

Dès le jour même, aidé d’Elfy et de Dérigny, le général s’installa avec les siens dans cette auberge si bien montée. Les Dérigny s’y transportèrent également. Le lendemain, le général, inquiet de ses repas, apprit avec une joie extrême que Dérigny avait déjà installé à la cuisine un excellent chef