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Il était impossible de faire partir Mme Papofski dans l’état où elle se trouvait ; le prince donna des ordres pour qu’elle et ses enfants ne manquassent de rien ; au bout de quelques jours, le mal avait fait des progrès si rapides, que le médecin la déclara à toute extrémité ; on fit venir le pope[1] pour lui administrer les derniers sacrements ; quelques heures avant d’expirer, elle demanda à parler au prince Négrinski ; elle lui fit l’aveu de ses odieux projets par rapport à son oncle et à sa sœur, confessa la corruption qu’elle avait cherché à exercer sur le capitaine ispravnik, raconta la scène qui s’était passée entre elle et lui, et l’accusa d’avoir causé sa mort en lui ôtant, par ces émotions multipliées, la force de supporter la dernière découverte de la perfidie de son oncle. Elle finit en demandant justice contre son bourreau.

Le général prince Négrinski, indigné, lui promit toute satisfaction ; il se rendit immédiatement chez le prince gouverneur, qui l’accompagna à Gromiline : le gouverneur arriva assez à temps pour recevoir de la bouche de la mourante la confirmation du récit du prince Négrinski. Le capitaine ispravnik fut arrêté, mis en prison ; on trouva dans ses papiers l’obligation de deux cent mille roubles ; il fut condamné à être dégradé et à passer dix ans dans les mines de Sibérie.

  1. Prêtre russe.