Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parus ; elle était seule. À peine commençait-elle à s’inquiéter de sa position, qu’elle en comprit toute l’horreur, elle se sentit fouettée comme elle aurait voulu voir fouetter ses paysans. Le supplice fut court, mais terrible. La trappe remonta ; la porte du petit salon s’ouvrit.

« Vous pouvez sortir, Maria Pétrovna », lui dit le capitaine ispravnik qui entrait, en lui offrant le bras d’un air souriant.

Elle aurait bien voulu l’injurier, le souffleter, l’étrangler, mais elle n’osa pas et se contenta de passer devant lui sans accepter son bras.

« Maria Pétrovna, lui dit le capitaine ispravnik en l’arrêtant, j’ai eu l’honneur de vous offrir mon bras ; est-ce que vous voudriez recommencer une querelle avec moi ?… Non, n’est-ce pas ?… Ne sommes-nous pas bons amis ? ajouta-t-il avec un sourire charmant. Allons, prenez mon bras : j’aurai l’honneur de vous conduire jusqu’à votre voiture. Ne mettons pas le public dans nos confidences ; tout cela doit rester entre nous. »

Mme Papofski, encore tremblante, fut obligée d’accepter le bras de son ennemi, qui lui parla de la façon la plus gracieuse ; elle ne lui répondait pas.

Le capitaine ispravnik, bas et familièrement.

Vous me direz bien quelques paroles gracieuses, ma chère Maria Pétrovna, devant tous ces gens qui nous regardent. Un petit sourire, Maria Pétrovna, un regard aimable : sans quoi je devrai