Le général la serra dans ses bras.
« Partons, dit-il, allons, vous autres grands garçons, venez aider notre ami Jackson à porter ce grand manteau. »
Les enfants se jetèrent sur ce manteau et le traînèrent plus qu’ils ne le portèrent jusqu’à la voiture.
« Tenez, mon ami, dit le général à Dérigny, voilà de quoi vous réchauffer la nuit qui vient.
— Mon général, vous êtes, trop bon, et ma femme est une indiscrète », répondit Dérigny en souriant.
Et il salua respectueusement le général en menaçant sa femme du doigt.
Le voyage continua gaiement et heureusement jusqu’à la frontière, où les formalités d’usage s’accomplirent promptement et facilement, grâce à l’intervention du feltyègre, qui devait recevoir sa paye quand la frontière serait franchie ; la générosité du général dépassa ses espérances ; le passeport anglais non visé de Jackson aurait souffert quelques difficultés sans les ordres et les menaces du feltyègre ; c’est pourquoi la bourse du général s’était ouverte si largement pour lui.
Aux premiers moments qui suivirent le passage de la frontière, personne, dans la première berline ne dit un mot ni ne bougea. Mais, quand Romane et le général furent bien assurés de l’absence de tout danger, le général tendit la main à son jeune ami.
« Sauvé, mon enfant, sauvé ! dit-il avec un accent pénétré.