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— Comment veux-tu que je tienne, en sixième ? dit le général, se déridant tout à fait.

Natasha

Oh ! J’arrangerais cela, grand-père. Je vous mettrais au fond, moi près de vous.

Le général

Et puis ? Que ferais-tu des quatre gamins ?

Natasha

Tous en face de nous, grand-père. Ce serait très amusant ; nous verrions tout ce qu’ils feraient, et nous ririons comme hier, et nous vous ferions chanter avec nous : c’est ça qui serait amusant ! »

Le général se trouva complètement vaincu ; il partit d’un éclat de rire, toute la table fit comme lui ; le général prenant une leçon et chantant parut à tous une idée si extravagante, que le déjeuner fut interrompu et qu’on fut assez longtemps avant de pouvoir arrêter les élans d’une gaieté folle, Natasha était tombée sur l’épaule de sa mère ; Alexandre se trouvait appuyé sur Natasha, et Michel avait la tête sur les reins de son frère. Mme Dabrovine soutenait le général, qui perdait son équilibre, et Romane le maintenait du côté opposé. Dérigny, debout derrière, tenait fortement la chaise du général.

Tout a une fin, la gaieté comme la tristesse ; les rires se calmèrent, chacun reprit son déjeuner refroidi et chercha à regagner le temps perdu en avalant à la hâte ce qui restait de sa portion.

« Les chevaux sont mis, mon général », vint