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les cris de Paul, il fit saisir Mitineka et Yégor et les fit fouetter de façon à leur ôter à tous l’envie de recommencer. Sonushka eut le même sort pour avoir méchamment lancé une bouteille d’encre sur Natasha, qui en fut inondée, et dont la robe fut complètement perdue.

La veille du départ, le général remit à Mme Papofski, sans lui parler, un portefeuille, plein des papiers qu’il lui avait annoncés. Elle le reçut en silence et s’éloigna avec sa proie. On devait partir à neuf heures du matin ; le général, pour éviter les adieux des Papofski, leur avait fait dire qu’il partait à midi après déjeuner.

Avant de monter en voiture, le général rassembla tous ses gens, leur annonça qu’il leur avait donné à tous leur liberté, et il remit à chacun cinq cents roubles en assignats. La joie de ces pauvres gens récompensa largement le général de cet acte d’humanité et de générosité. Après leur avoir fait ses adieux, il monta dans sa berline avec sa nièce, Natasha et M. Jackson. Dans une seconde berline se placèrent Mme Dérigny, Alexandre, Michel, qui avaient demandé avec insistance d’être dans la même voiture que Jacques et Paul ; sur le siège de la première voiture étaient un feltyègre[1] et un domestique ; sur celui de la seconde était Dérigny. Les poches des voitures et des sièges étaient garnies de

  1. Espèce d’agent de police qui accompagne les voyageurs de distinction à leur demande, pour leur faire donner sur la route les chevaux, les logements et ce dont ils ont besoin.