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ressait beaucoup. Jacques avait été invité, à sa grande joie, à prendre part à l’éducation soignée que recevaient les jeunes Dabrovine ; le général avait raconté tous les détails de la vie de Jacques et de Paul, et on les aimait beaucoup dans la famille Dabrovine. Ce côté du château vivait donc heureux et tranquille ; l’hiver s’avançait ; le général vendait à l’insu de la Papofski ses terres et ses maisons, et faisait de bons placements en Angleterre ; un jour, enfin, il reçut, d’un général aide de camp de l’empereur, une proposition pour Gromiline ; il en offrait cinq millions payés comptant. Le général Dourakine accepta, à condition qu’il n’en dirait mot à personne, même après l’achat, jusqu’au 1er juin, et qu’il viendrait lui-même ce jour-là prendre possession du château et en chasser la famille Papofski qui y était installée. Les conditions furent acceptées ; la vente fut terminée, l’argent payé et envoyé à Londres ; Mme Papofski ne savait rien de toutes ces ventes ; les Dérigny, Mme Dabrovine et Romane étaient seuls dans la confidence.

Le général, sollicité par Romane, avait révélé à Mme Dabrovine le vrai nom et la position du prince Pajarski ; elle avait donné les mains avec joie au complot arrangé par son oncle et Dérigny pour quitter la Russie ; elle se plaignait de sa santé devant sa sœur, regrettait de ne pouvoir aller aux eaux. À la fin de l’hiver, un jour le général lui proposa devant Mme Papofski de la mener aux eaux