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Romane

Mais, mon cher comte, mes vêtements grossiers, usés et déchirés me donnent l’aspect de ce que je suis, un échappé de Sibérie.

Le général

Dérigny te donnera de quoi te vêtir, mon ami ; ne t’inquiète de rien ; il pourvoira à tout. »

Dérigny se dépouilla de son manteau et en revêtit Romane, qui lui exprima sa reconnaissance en termes énergiques mais mesurés. Le général s’éloigna pour aller aux écuries commander la voiture qui devait lui ramener son malheureux ami ; Dérigny l’accompagna. Ils convinrent que Romane, qui parlait parfaitement l’anglais, et qui, en qualité de Polonais, avait du type blond écossais, passerait pour un gouverneur anglais que le général faisait venir pour ses neveux ; Dérigny fut chargé de le prévenir de son origine et de son nom, master Jackson. Dérigny alla demander à la cuisine quelque chose de chaud avant de partir pour aller à la ville chercher le gouverneur anglais. On s’empressa de lui servir une assiette de soupe aux choux, bouillante, avec un bon morceau de viande ; Dérigny l’emporta, compléta le repas avec une bouteille de vin, sortit par une porte de derrière, et courut rejoindre Romane, qu’il laissa manger avec délices ce repas improvisé. Avant de monter en voiture, il alla prendre les derniers ordres du général, reçut de lui un superbe manteau, et partit pour sa mission charitable, après en