Nous voilà tous contents alors. Seulement, ce qui m’ennuie, c’est que nous allions si doucement.
Hé ! Dérigny, mon ami, faites donc marcher ces izvochtchiks ; nous avançons comme des tortues.
Mon général, je le dis bien ; mais ils ne me comprennent pas.
Sac à papier ! ces drôles-là ! Dites-leur dourak, skatina, skareï[1] ! »
Dérigny répéta avec force les paroles russes du général ; le cocher le regarda avec surprise, leva son chapeau, et fouetta ses chevaux, qui partirent au grand galop. Skareï ! Skareï ! répétait Dérigny quand les chevaux ralentissaient leur trot.
Le général se frottait les mains et riait. Avec la bonne humeur revint l’appétit, et Dérigny passa à Jacques, par la glace baissée, des tranches de pâté, de jambon, des membres de volailles, des gâteaux, des fruits, une bouteille de bordeaux : un véritable repas.
« Merci, mon ami, dit le général en recevant les provisions ; vous n’avez rien oublié. Ce petit hors-d’œuvre nous fera attendre le dîner. »
Dérigny, qui comprenait le malaise de sa femme et de ses enfants, pressa si bien le cocher et le postillon, qu’on arriva à Gjatsk à sept heures.
- ↑ « Imbécile, animal, plus vite ! »