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brassaient avec une joie folle Jacques et Paul.

Le général ne se possédait pas de joie ; il riait aux éclats, il se frottait les mains, selon son habitude dans ses moments de grande satisfaction, il marchait à grands pas, il regardait avec tendresse Mme Dabrovine, qui souriait des explosions de joie de ses enfants, et Natasha, dont les yeux rayonnants exprimaient le bonheur et la reconnaissance ; sans cesse en passant et repassant devant son oncle, elle déposait un baiser sur sa main ou sur son front.

« Mon oncle, mon oncle, s’écria-t-elle, que je suis heureuse ! Que vous êtes bon !

Le général

Et moi donc, mes enfants ! Je suis heureux de votre joie ! Depuis de longues, longues années, je n’avais vu autour de moi une pareille satisfaction. Une seule fois, en France, j’ai fait des heureux : mes bons Dérigny et leurs frère et sœur, Moutier et Elfy.

Natasha

Oh ! mon oncle, racontez-nous ça, je vous en prie. Je voudrais savoir comment vous avez fait et ce que vous avez fait.

— Plus tard, ma fille, répondit le général en souriant ; ce serait trop long. À présent, reposez-vous, arrangez-vous dans votre appartement. Dérigny va vous envoyer votre femme de chambre ! dans une heure nous dînerons. Maria Pétrovna, restez-vous avec votre sœur ?