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maison, qui ne l’avait pas été depuis deux jours. Il alla chercher de l’eau fraîche dans les cruches, cueillit dans le jardin les légumes nécessaires à la soupe du soir, les lava, les éplucha et les posa proprement près de la marmite où ils devaient cuire. Il s’occupa ensuite de préparer le menu bois nécessaire pour le repas. Caroline, pendant ce temps, mettait en ordre les effets qui avaient servi à sa mère, rangeait le linge et mettait à part ce qui devait être lavé et raccommodé.

La journée s’acheva ainsi, triste, mais sans ennui. La fatigue du jour précédent leur procura une bonne et longue nuit. Lorsque Caroline s’éveilla, elle entendit sonner sept heures ; effrayée de ce sommeil prolongé, elle sauta à bas de son lit, fit une courte prière, s’habilla à la hâte et alla éveiller son frère, qui dormait encore profondément.

« Gribouille, éveille-toi, lui dit-elle en l’embrassant ; il est tard, très tard. Vite à l’ouvrage ! »

Gribouille se frotta les yeux, fit un effort pour se mettre sur son séant et retomba endormi.

Caroline le regarda avec attendrissement.

« Pauvre garçon !… Faut-il le laisser dormir ? faut-il l’éveiller ?… Il est fatigué, il est jeune… Dois-je l’habituer à vaincre la fatigue et le sommeil, ou vais-je le laisser prendre le repos dont il a si évidemment besoin ?… Que faire ? Maman, inspirez-moi… »

Pendant que Caroline, indécise, avançait et retirait sa main prête à secouer Gribouille, il en-