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ceux du brigadier furent deux de ses camarades. Après la cérémonie, il y eut chez le curé un déjeuner pour les mariés et les témoins. On se sépara ensuite. Le brigadier et sa femme allèrent faire leur visite de noce à la tombe du pauvre Gribouille. Pendant que Caroline, agenouillée près de son mari, priait son frère de bénir leur union, tous deux sentirent un calme extraordinaire remplir leurs cœurs. Ils se communiquèrent cette impression.

« Ce sont les prières de mon frère, dit Caroline en pressant la main de son mari.

— Il avait promis de veiller sur nous », dit le brigadier en retenant la main de sa femme.

Le brigadier emmena Caroline chez lui ; elle s’occupa immédiatement à mettre de l’ordre dans le ménage ; après y avoir passé quelques jours, ils résolurent de quitter cette demeure triste et trop resserrée et de s’installer dans la maison de Caroline.

« J’y aurai de doux souvenirs, mon ami, dit-elle à son mari ; ils seront dénués de tristesse, car ceux que j’aimais y sont morts en bons chrétiens, comme ils avaient vécu. »

Caroline reprit son ancien état de couturière ; l’ouvrage, loin de lui manquer, devint si abondant, qu’elle fut obligée d’avoir une, puis deux, puis plusieurs ouvrières. Leur ménage prospéra de toutes manières ; Dieu bénit leur piété et leur tendresse en leur donnant plusieurs enfants qui, élevés en