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rotte de se faire épouser ; personne n’en voulait,

nanon.

Ce n’est pas étonnant ! Une grosse rouge, pas le sou, faisant de la toilette comme une princesse, mauvais cœur, méchante langue, vieille et sotte. Tout ça ne fait pas une belle dot, que je pense.

louison.

Mes bonnes amies, voici l’angélus qui sonne ; il serait bon, à mon avis, de faire une prière près de ce pauvre corps qui est là, couché sur son lit de mort.

nanon.

Allez-y, Louison ; nous irons chacune notre tour. »

Pendant que Louison, la moins mauvaise des trois, marmottait au pied du lit quelques prières qu’elle comprenait mal et qu’elle récitait plus mal encore, Nanon et Phrasie continuèrent leur conversation.

phrasie.

Et la petite Caroline, que va-t-elle devenir ? elle ne peut pas rester toute seule dans cette maison.

nanon.

Elle va me retomber sur les bras, ma chère. M. le curé n’en fait pas d’autres ; il l’emmène chez nous ; on ne pourra plus s’en débarrasser.

phrasie.

Que vouliez-vous qu’il en fît ?

nanon.

Pardi ! la laisser à la charge du brigadier, qui avait laissé périr le frère.