C’est ainsi que Mme Grébu, allant de porte en porte, réussit à enlever à la pauvre Caroline ses anciennes pratiques, lui ôtant ainsi tout moyen de gagner sa vie. Mme Delmis sortit de son côté pour chercher une remplaçante à Caroline ; ce fut dans sa tournée d’amies qu’elle apprit la scène qui venait de se passer chez elle entre Mme Grébu et Gribouille. L’irritation qu’elle en conçut activa ses recherches ; elle finit par rencontrer à peu près ce qu’il lui fallait ; mais cette femme ne savait pas faire les robes et n’avait pas le talent, l’adresse et la bonne volonté de Caroline. Elle l’arrêta immédiatement, pour commencer son service dès le lendemain. Mme Grébu, qui s’était rencontrée avec Mme Delmis dans une maison amie, et qui l’avait aidée dans ses recherches, triomphait de ce qu’elle croyait être une humiliation pour ses deux ennemis.
Quand Mme Delmis rentra, elle annonça à Caroline et à Gribouille, d’un ton fort courroucé, qu’elle venait d’apprendre la scène scandaleuse qu’ils s’étaient permis de faire à cette bonne Mme Grébu ; qu’elle venait de chercher et de trouver une servante qui entrerait chez elle le lendemain, et qu’ils pouvaient faire leurs paquets.
Caroline ne répondit pas : elle accepta en silence l’accusation injuste d’avoir insulté et même battu Mme Grébu ; mais Gribouille, voyant ce silence et devinant le motif généreux qui empêchait Caroline de se défendre, s’élança devant Mme Delmis, qui