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Caroline, rassurée par l’air de bonté de M. Delmis, lui raconta ce qui s’était passé entre elle et Mme Grébu, et comment Gribouille avait eu l’habileté de la menacer d’une révélation pour obtenir son silence. M. Delmis rit de bon cœur et promit encore à Caroline de n’en parler ni à sa femme ni à personne.

« Et où en êtes-vous avec ma femme, ma pauvre enfant ? Avez-vous reçu des reproches pour votre frère ?

caroline, d’une voix très émue.

Madame nous a renvoyés, monsieur ; elle ne peut plus supporter mon frère.

— Renvoyés ! s’écria M. Delmis en sautant de dessus son fauteuil ! Renvoyés ! Mais c’est impossible ! c’est intolérable ! Je ne veux pas que vous me quittiez, Caroline, je vais parler à ma femme !

— Pardon, monsieur, dit Caroline en arrêtant M. Delmis. Je vous remercie bien sincèrement, oui, du fond de mon cœur, de votre bonté pour nous ; mais je prie monsieur de considérer que je ne puis rester dans la maison malgré madame ; ce ne serait pas bien, ce serait manquer à monsieur aussi bien qu’à madame. Monsieur comprendra que madame est à bout de patience pour Gribouille ; vous-même, monsieur, vous avez perdu patience aujourd’hui ; et pourtant il n’est pas possible d’être plus endurant, plus facile, meilleur que n’est monsieur. Des scènes comme celle de tout à l’heure ne sont pas tolérables dans une