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vant les autres. Ce n’est pas tenable, et je vous le dis d’avance pour que vous sachiez ce qui en est.

caroline.

Je n’ai aucune envie d’entrer chez Mme Delmis, je vous assure ; vous savez bien que j’ai ma mère et mon frère que je ne puis quitter. Mais, si la maison est si mauvaise, pourquoi y êtes-vous depuis un an, et pourquoi paraissez-vous si fâchée à la pensée que j’aie voulu vous en faire sortir ? J’ai toujours vu Mme Delmis bonne pour tout le monde et surtout pour vous, mademoiselle Rose ; dans votre maladie d’il y a trois mois, elle vous a bien soignée, ce me semble ; elle vous a fait veiller trois nuits, et elle ne vous refusait rien de ce qui pouvait vous être bon et agréable. Vous devriez lui en avoir de la reconnaissance et ne pas parler d’elle comme vous venez de le faire.

mademoiselle rose.

Je n’ai pas besoin de vos leçons, mademoiselle ; je sais ce que j’ai à dire ou à ne pas dire. Je vois d’après vos paroles que vous savez flatter Mme Delmis pour en tirer de l’argent ; mais je saurai vous déjouer, et vos robes n’iront plus si bien à l’avenir. Votre réputation de bonne couturière va souffrir, allez !

caroline.

Pourquoi mes robes n’iraient-elles plus comme avant, si je les soigne tout autant ? Je fais de mon