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car cet animal est… lâche, monsieur ; je l’ai toujours vu lâche !… Donc, le voilà qui grimpe en haut du rideau. Je saute après ; j’attrape la queue ; je tire si fort que même il m’en reste deux plumes dans la main… Mon coquin monte toujours en m’agonisant de sottises… Ma foi ! la moutarde me monte au nez, je fais un saut de géant et j’attrape le drôle au beau milieu du corps… Pas moyen, là !… je le tenais ; je tire, il lâche le rideau… J’étais en colère, comme monsieur peut bien le penser. Je tape tant que j’ai de forces. Le gredin crie : « Au secours ! » Je serre le cou ! (M. Delmis fait un mouvement.) Attendez, monsieur pense bien que je ne pouvais pas laisser cet animal attirer madame et Caroline par ses cris ; je serre plus fort et je tape toujours ! Ne voilà-t-il pas qu’il me fait la farce de ne plus bouger, de ne plus crier.

monsieur delmis.

Tu l’as étouffé ?

gribouille.

Pardon, monsieur, c’est lui qui s’est étouffé lui-même en se débattant comme un possédé, si bien que lorsque je l’ai lâché, il était mort… Oui, monsieur… Monsieur me croira s’il le veut,… il était et il est mort… Et je viens demander conseil à monsieur ; que croit monsieur ? que dois-je faire vis-à-vis de madame ? D’abord elle dira, bien sûr, que c’est moi.

monsieur delmis, avec impatience.

Et comment veux-tu qu’elle dise autrement,