Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas tarder à rentrer, car j’ai poussé la grille du jardin et il faudra bien qu’ils rentrent quand ils verront tout fermé.

émilie, avec impatience.

Vous êtes plus nigaud que jamais, mon pauvre Gribouille. Vous ne faites que des bêtises ! A-t-on jamais imaginé de laisser des serins s’envoler !

gribouille, s’animant à mesure qu’il parle.

Mais puisque je vous dis, mademoiselle, que j’ai fermé la grille. J’ai fait ce que j’ai pu, moi. Que vouliez-vous que je fisse ? Fallait-il m’envoler après eux ? Est-ce que j’ai des ailes, moi ? Est-ce ma faute si ces bêtes n’ont pas de jugement, si elles ne comprennent pas qu’elles doivent rentrer ? Tout ça, voyez-vous, c’est de la méchanceté de leur part. Ils savent qu’ils me font gronder. Il leur en coûtait beaucoup peut-être de rentrer avant que vous ayez vu leur cage vide ! C’est toujours la même chanson : tout le monde contre moi ; je ne peux plus y tenir. Jusqu’à un perroquet et des serins qui se liguent pour me faire gronder ! »

Et le pauvre Gribouille tombe assis sur une chaise, appuie son coude sur la table et cache son visage dans ses mains ; il pleure.

Émilie, que le discours de Gribouille avait étonnée, puis amusée, le voit pleurer ; elle approche, lui prend les mains.

émilie.

Voyons, mon pauvre Gribouille ! Il ne faut pas vous affliger pour si peu de chose.