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tainement monsieur a droit à mon service ; c’est avec plaisir que je vais servir la soupe à ces messieurs et dames. »

Gribouille oublia son chagrin en servant le dîner avec une activité et un zèle qu’aucune maladresse ne vint troubler. Seulement, quand on arriva aux compotes, et que Mme Delmis, qui les cherchait, fut avertie par Gribouille qu’il les avait versées sur la mousse des compotiers, sa colère éclata, et le pauvre Gribouille fut traité de bête, d’imbécile, d’idiot. Mme Piron riait en compagnie de Mmes Grébu et Ledoux ; elle voulut même adresser quelques paroles ironiques à Gribouille.

« Je n’aime pas que l’on rie de moi, s’écria Gribouille, lançant à ces dames des regards irrités. Que mes maîtres se permettent d’injustes reproches, c’est leur droit, mais que d’autres s’y joignent, je ne le veux pas.

— Gribouille, tu oublies que tu parles à des amies de ma femme, dit M. Delmis d’un air mécontent.

gribouille.

Des amies ! Bonnes amies, en vérité ! Si elles désirent que je répète les paroles qu’elles nous ont dites il y a trois mois, quand nous sommes entrés chez monsieur, il verra si…

— De grâce, monsieur Delmis, ne grondez pas ce pauvre garçon, interrompit Mme Grébu ; nous savons bien que ses paroles ne peuvent blesser. Est-ce qu’il sait ce qu’il dit ?