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n’oublie jamais que c’est monsieur et madame qui sont les maîtres, et à qui revient l’honneur de toutes choses ; que Jacquot n’est qu’un misérable animal… Oui, monsieur, continua Gribouille n’animant ; et un méchant animal… Que j’aurais dû m’en méfier !… Je le place à la table des maîtres, je l’entoure d’un lit de mousse, et il déserte la place !… Il déshonore mon invention !… C’est pour me faire pièce qu’il est parti… Et… tenez,… tenez !… Que ces messieurs et dames veuillent bien regarder : il a fait ses ordures sur la nappe !… il a grignoté les amandes, il a dérangé les pommes, il a arraché les queues des poires !… Madame pense que ce n’est pas agréable d’avoir un ennemi si cruel dans la maison. Tout mon dessert saccagé, dévasté !… Je prie monsieur et madame de m’excuser,… mais… je ne puis pas… hi, hi, hi !… retenir mes larmes… hi, hi, hi !… quand je vois tout l’honneur qui me revenait… hi, hi, hi !… perdu par la méchanceté… hi, hi, hi !… de ce misérable, de cette brute… L’un de nous deux restera sur le carreau… J’en préviens monsieur et madame : il arrivera malheur à l’un de nous…

monsieur delmis.

Calme-toi, Gribouille… Ce n’est rien, mon ami. Le dîner n’en sera pas moins bon ; ton dessert n’en est pas moins beau. Oublions Jacquot pour la soupe, que nous attendons et que tu vas nous servir.

gribouille.

Monsieur est bien bon de me traiter d’ami ; cer-