Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pourquoi M. le maire vous faisait-il arrêter ?

rose.

À la suite d’une colère, je l’avais battu.

le brigadier.

Battu M. le maire ! Ah bien ! votre affaire n’est pas bonne, ma pauvre fille. Mais,… comme en somme je n’ai pas eu d’ordre, moi, je vais vous délier les jambes, puisque les camarades ne sont pas là, et je vais vous mener chez M. le maire ; il fera de vous ce qu’il voudra.

rose.

Grâce, grâce, monsieur le brigadier ! Ne me faites pas traverser la ville ! Que dira-t-on de me voir les mains liées et menée par un gendarme ?

le brigadier.

Écoutez ! j’ai pitié de vous, mais le devoir avant tout. Ce que je puis faire pourtant, c’est de rester ici à vous garder pendant que Gribouille ira prendre les ordres de M. le maire. Va, Gribouille, va, mon garçon ; va dire à M. le maire que je tiens ici Mlle Rose, bien liée, bien gardée, et qu’est-ce qu’il veut que j’en fasse. »

Gribouille partit en courant ; il entra à la maison, traversa la cuisine comme une flèche sans avoir égard à l’appel de Caroline, effrayée de sa pâleur et de sa marche précipitée.

« Impossible ! lui cria-t-il tout en courant. Le brigadier attend. Impossible ! »

Il entra ainsi au salon, où il trouva Mme Delmis, seule, travaillant. Il continua sa course, sans écouter