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« Caroline n’aime pas le rance, dit-il enfin d’un air pensif ; elle en mangera pourtant… Et moi aussi, ajouta-t-il avec un soupir.

le curé.

Voyons, voyons, Gribouille, ne te fais pas de peurs sans raison ; Mme Delmis est un peu difficile, mais ce n’est pas une méchante femme ; Caroline est douce et raisonnable : tout ira bien. Adieu, mon ami, adieu. »

Gribouille sortit ; en repassant par la ruelle, il entendit du bruit dans la grange, dont la porte était ouverte ; il y passa la tête et vit avec surprise Rose étendue à terre, et le brigadier achevant de lui lier les jambes et les bras.

Quand Gribouille fut parti, le brigadier, qui se doutait de quelque cachette mystérieuse, avait doucement entr’ouvert la porte, était rentré sans bruit, et s’était étendu à terre dans un recoin obscur. Il ne tarda pas à entendre un léger bruit, qui semblait venir de dessous terre ; peu d’instants après, il vit des planches qui étaient à terre se déplacer, une tête se fit voir, regarda autour d’elle ; ne voyant personne, se croyant en sûreté, Rose, car c’était elle, acheva de sortir du trou où elle était descendue, qu’elle avait recouvert de planches qui semblaient jetées à terre, et qui ne laissaient pas soupçonner une cachette ; elle se dirigea sans bruit vers la porte, et fut saisie de frayeur en sentant deux mains qui lui tiraient les jambes et la firent tomber sur le nez. Avant qu’elle pût