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Gribouille voulut parler ; mais il resta muet devant le geste impératif de sa sœur. Mme Delmis eut beau le questionner, l’interroger, elle ne put le faire sortir de son silence. Caroline lui demanda ses ordres pour le déjeuner et pour le travail de la journée. Mme Delmis lui expliqua son service, tout ce qu’ils avaient à faire, et, quand le déjeuner fut terminé, elle lui donna les clefs du garde-manger, du linge, de toutes les armoires. Gribouille les suivait, partout, admirait tout, à la grande satisfaction de Mme Delmis, qui lui permettait d’aider à tout. Caroline tremblait qu’il ne fît quelque gaucherie et qu’il ne dît quelque naïveté ; mais Mme Delmis, loin de se fâcher, s’amusait des réflexions de Gribouille et l’engageait à les continuer. En regardant les robes contenues dans les armoires, Gribouille témoigna une grande admiration.

« Les jolies robes ! les belles couleurs ! Quel dommage que madame ne soit pas plus jeune ! comme elles lui iraient bien !

— Comment, plus jeune ? Tu me trouves donc vieille ? Tout le monde ne dit pas comme toi ! dit Mme Delmis d’un air piqué.

gribouille.

On ne dit pas ! c’est vrai ! Mais madame sait bien qu’on ne dit pas tout ce qu’on pense. Certainement que madame n’est pas vieille comme la mère Nanon, la servante du curé ; mais, pour mettre des robes si jolies et si fraîches, j’aimerais mieux que madame fût comme Caroline.