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M. Delmis tira la porte et l’enferma à double tour ; n’écoutant ni ses cris ni ses menaces, il retira la clef, la mit dans sa poche et remonta dans la salle à manger, où Mme Delmis et les enfants achevaient leur dîner avec du fromage, du beurre, des radis, des fruits, qui avaient échappé à la fureur de Rose.

madame delmis.

Eh bien, comment excuse-t-elle son détestable dîner ?

monsieur delmis.

L’excuser ! Ah oui ! elle m’a dit cinquante sottises. Je l’ai mise à la porte : elle a redoublé ses injures et ses menaces. Enfin, je l’ai enfermée dans le lavoir, et je vais l’y laisser jusqu’au soir, pour rafraîchir son sang échauffé par la colère.

À peine M. Delmis finissait-il de parler qu’on entendit un grand bruit dans la cuisine, qui se trouvait au-dessous de la salle à manger.

« Qu’est-ce donc ? s’écria M. Délmis. Encore ! et encore !… Mais qu’arrive-t-il donc ? on dirait que c’est de la vaisselle qu’on brise.

madame delmis.

Grand Dieu ! le lavoir était plein de vaisselle ! Monsieur Delmis, qu’avez-vous fait ? C’est Rose qui brise tout.

monsieur delmis.

J’ai enfermé le loup dans la bergerie ; je vais vite arrêter les dégâts.

madame delmis.

Arrêter ! quand tout est brisé. Mes belles tasses