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pitamment. Quand elle fut dans sa cuisine, elle pleura de rage et, dans sa colère, elle versa du sucre dans les plats salés, du sel et du poivre dans les crèmes et les pâtisseries ; le reste du dîner fut assaisonné de la même façon, de sorte qu’il ne fut pas mangeable.

Mme Delmis s’écria que Rose voulait les empoisonner. M. Delmis alla à la cuisine et fit à Rose des reproches auxquels celle-ci répondit avec humeur. M. Delmis se fâcha ; Mlle Rose s’emporta. M. Delmis la menaça de la faire partir sur-le-champ ; Mlle Rose répondit qu’elle s’en souciait comme d’une bulle d’air ; qu’elle ne tenait pas à la maison ; qu’elle n’aurait pas de peine à trouver mieux, etc.

m. delmis.

Faites vos paquets, insolente : vous partirez dès demain.

rose.

Avec plaisir et sans regret ; j’en dirai de belles de votre maison.

monsieur delmis.

Votre méchante langue dira ce qu’elle voudra quand vous ne serez plus chez moi : jusque-là taisez-vous !

rose.

Plus souvent que je me tairai. Je suis libre de ma langue, moi, et personne n’a le droit de m’empêcher de m’en servir.

Rose se trouvait dans le lavoir pendant cette scène. Pour couper court à ses impertinences,