Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII

UN AMI SAUVÉ.


L’après-midi se passa en conversations et promenades ; mais on évita d’aller du côté de l’auberge Bournier. Ce ne fut qu’après le souper, quand il commença à faire nuit, que Moutier, accompagné de Jacques, se dirigea de ce côté pour tâcher d’avoir des nouvelles du pauvre Torchonnet. Ils firent un grand détour pour arriver par les derrières de l’auberge ; Moutier marchait, guidé par Jacques, dans les sentiers et les ruelles les plus désertes. Ils arrivèrent ainsi jusqu’aux bâtiments qui servaient de communs. Tout était sombre et silencieux ; les portes étaient fermées. Pas moyen de pénétrer dans l’intérieur. Un hangar ouvert leur permit d’approcher ; ils y étaient depuis quelques instants, cherchant un moyen d’arriver jusqu’à Torchonnet, lorsqu’une porte de derrière s’ouvrit. Un homme en sortit sans bruit ; Moutier reconnut l’aubergiste, faiblement éclairé par la lanterne sourde qu’il tenait à la main. Il se dirigea vers le charbonnier, séparé du hangar par une cloison en planches ; il en ouvrit la porte avec précaution et entra.

« Voilà ton souper que je t’apporte, dit-il d’une voix