Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

je n’avais jamais fait auparavant ; ce qui prouve qu’on apprend à tout âge et partout ; c’est un bon P. Parabère, un jésuite, qui m’a montré comment on vit en bon chrétien. Un fameux jésuite ce P. Parabère ! Courageux comme un zouave, bon et tendre comme une sœur de charité, pieux comme un saint, infatigable comme un Hercule.

JACQUES.

Où est-il ce bon père ? Je voudrais bien le voir ou lui écrire.

MOUTIER, ému.

Parle-lui, mon ami ; il t’entendra ; car il est près du bon Dieu.

« Qu’est-ce que vous avez là ? dit Paul qui était près de Moutier et qui jouait avec sa croix d’honneur.

MOUTIER.

C’est une croix que j’ai gagnée à Malakoff.

ELFY.

Et vous ne nous le disiez pas ? Vous l’avez pourtant bien gagnée certainement.

MOUTIER.

Mon Dieu, Mamzelle, pas plus que mes autres camarades ; ils en ont fait tout autant que moi ; seulement ils n’ont pas eu la chance comme moi.

ELFY.

Mais, pour que vous ayez eu la croix, il faut que vous ayez fait quelque chose de plus que les autres.

MOUTIER.

Plus, non ; mais voilà ! C’est que j’ai eu la chance de rapporter au camp un drapeau et un général.

ELFY.

Comment, un général ?