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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

pour preuve, je vais encore à l’ordre de mademoiselle Elfy et je lui demande ce qu’elle désire que je fasse.

— Aidez-moi à faire le café, à chauffer le lait, » dit Elfy moitié riant, moitié rougissant.

Le déjeuner fut bientôt prêt ; les enfants l’attendaient avec impatience et y firent honneur. Quand il fut terminé, Moutier alla à la mairie ; madame Blidot et Elfy s’occupèrent de leur ouvrage et les enfants s’amusèrent au jardin. La matinée passa vite ; Moutier dîna encore avec les enfants et les deux sœurs ; puis il se disposa à sortir. Il demanda à payer sa dépense, mais madame Blidot ne voulut jamais y consentir. Ils se séparèrent amicalement et avec regret. Jacques pleurait en embrassant son bienfaiteur, Paul essuyait les yeux de Jacques ; tous deux entouraient Capitaine de leurs petits bras.

« Adieu, mon bon Capitaine, disait Jacques ; adieu, mon bon chien ; toi aussi tu nous as sauvés dans la forêt, c’est toi qui nous as vus le premier ; c’est toi qui as porté Paul sur ton dos ; adieu, mon ami, adieu ; je ne t’oublierai pas, non plus que mon bon ami M. Moutier. »

Moutier était ému et triste. Il serra fortement les mains des deux bonnes et excellentes sœurs, donna un dernier baiser à Jacques, jeta un dernier regard dans la salle de l’Ange-Gardien et s’éloigna rapidement sans tourner une seule fois la tête.

Les enfants étaient à la porte, regardant leur nouvel ami s’éloigner et disparaître ; Jacques essuyait ses yeux. Quand il ne vit plus rien, il rentra dans la salle et se jeta en pleurant dans les bras de madame Blidot.

« À présent que M. Moutier est parti, vous ne nous chasserez pas, n’est-ce pas, Madame ? Vous garderez