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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

besoin de le dire ; je suis fine, allez ; je devine bien des choses. »

Moutier sourit à son tour, mais il ne dit rien, et, prenant un balai, il commença à balayer la salle.

ELFY.

Laissez ce balai ; prenez l’éponge et le torchon ; quand vous aurez lavé et essuyé la table et le fourneau, alors vous balayerez. »

Moutier obéit de point en point. Quand il eut fini :

« Mon commandant est-il satisfait ? dit-il en faisant le salut militaire. Que faut-il faire ensuite ?

— Très-bien, dit Elfy, après avoir parcouru des yeux toute la salle. À présent, allez nous chercher du lait à la ferme ici près, à la sortie du village ; je vous serais bien obligée si vous emmeniez les enfants avec vous ; ils connaîtront le chemin et ils pourront aller chercher notre lait quand vous serez parti. »

Moutier prit la main de Jacques, qui tenait déjà celle de Paul, et tous trois se mirent gaiement en marche, sautant et riant.

« Du lait, s’il vous plaît, » dit Moutier à une grosse fermière, qui passait le lait nouvellement trait.

La fermière se retourna, regarda avec surprise ce visage nouveau. « Pour combien ? dit-elle enfin.

MOUTIER.

Ma foi, je n’ai pas demandé. Mais donnez comme d’habitude : vous savez ce qu’on vous en prend tous les matins.

LA FERMIÈRE.

C’est à savoir pour qui.

MOUTIER.

Pour madame Blidot, à l’Ange-Gardien.