Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

nous avez donnés à madame Blidot et à mademoiselle Elfy ; elles m’ont dit tout à l’heure que c’était la sainte Vierge et vous qui étiez nos sauveurs. »

Moutier ne répondit pas ; il prit Jacques et Paul dans ses bras, les embrassa à plusieurs reprises, donna une poignée de main à chacune des sœurs et s’assit près de la table en attendant que la toilette des enfants fût terminée.

« Que puis-je faire pour vous aider ? demanda-t-il.

ELFY.

Puisque vous êtes si obligeant, monsieur Moutier, allez me chercher du fagot au bûcher au fond du jardin, pour allumer mon feu ; et puis une pelletée de charbon pour le fourneau. Je préparerai le café en attendant.

MADAME BLIDOT.

Y penses-tu, Elfy, de charger M. Moutier d’une besogne pareille ?

MOUTIER.

Laissez, laissez, ma bonne hôtesse ! mademoiselle Elfy sait bien qu’elle m’oblige en m’employant pour vous servir. Croyez-vous que je n’aie jamais porté de bois ni de charbon ? J’en ai fait bien d’autres au régiment. Je ne suis pas si grand seigneur que vous le pensez ! »

Moutier partit en courant et ne tarda pas à revenir avec une énorme brassée de fagots.

ELFY.

Ha, ha, ha ! il y en a trois fois trop. Laissez-moi ces brins-là et reportez le reste au bûcher en allant chercher du charbon.

MADAME BLIDOT.

Elfy ! Je t’assure que tu es trop hardie !