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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

il entendit le babillage des enfants et le gai rire d’Elfy et de madame Blidot. Honteux de son long sommeil, il sauta à bas de son lit et commença ses ablutions.

« Bon lit, pensa-t-il ; il y a longtemps que je n’en avais eu un si bon ; c’est ce qui m’a mis en retard… Me voici prêt ; vite, que j’aille aider ces femmes dans leur besogne. »

En ouvrant la porte, il se trouva en face de ses deux hôtesses, qui débarbouillaient et arrangeaient chacune leur enfant.


Elles débarbouillaient chacune leur enfant.
MOUTIER.

Pardon, excuse, Mesdames, je suis en retard : ce n’était pourtant pas mon habitude au régiment ; mais les logements sont bons, trop bons ; on dort trop bien dans vos lits.

JACQUES.

Bonjour, monsieur Moutier ; vous avez bien dormi ?

MOUTIER.

Je le crois bien que j’ai dormi ; trop bien, comme tu vois, mon garçon, puisque je suis en retard. Tu n’as pas mauvaise mine non plus, toi ; ton lit était meilleur que celui de la nuit dernière ?

JACQUES.

Oh ! qu’il était bon ! Paul avait si chaud ! Il était si content ! il a si bien dormi ! J’étais si heureux ; et je vous ai tant remercié, mon bon monsieur Moutier !

MOUTIER.

Ce sont ces dames qu’il faut remercier, mon enfant, et pas moi, qui suis un pauvre diable sans asile.

JACQUES.

Mais c’est vous qui nous avez sauvés dans la forêt ; c’est vous qui nous avez ramenés ici ; c’est vous qui