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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

c’est. Si on peut lui confier des enfants à garder. Si c’est une brave femme, une bonne femme, une femme à rendre des enfants heureux ?

LE BOUCHER.

Quant à ça, mon bon monsieur, il n’y a pas de meilleure femme au monde : toujours de bonne humeur, toujours riant, polie, aimable, douce, travailleuse, charitable ; tout le monde l’aime par ici : chacun en pense du bien ; elle ne manque pas à un office, elle rend service à tous ceux qui en demandent. Elle et sa sœur, ce sont les perles du pays. Demandez à M. le curé ; il vous en dira long sur elles ; et tout bon, car il les connaît depuis leur naissance et il n’a jamais eu un reproche à leur faire.

MOUTIER.

Ça suffit. Grand merci, Monsieur, et pardon de l’indiscrétion.

LE BOUCHER.

Pas d’indiscrétion. C’est un plaisir pour moi que de rendre un bon témoignage à madame Blidot. »

Moutier salua, sortit, et alla à deux portes plus loin, chez le boulanger.

« Ce n’est pas du pain qu’il me faut, Monsieur, dit-il au boulanger qui lui offrait un pain de deux livres ; c’est un renseignement que je viens chercher. Votre idée sur madame Blidot, aubergiste ici près, pour lui confier des enfants à élever ?

LE BOULANGER.

Confiez-lui tout ce que vous voudrez, brave militaire (car je vois à votre habit que vous êtes militaire) ; vos enfants ne sauraient être en de meilleures mains ; c’est une bonne femme, une brave femme, et sa sœur la