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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

tout le monde ; ça croirait pécher en disant du mal… et pourtant… il parlait avec une chaleur, un air persuadé !… il savait que ces deux pauvres petits orphelins seraient à la merci de cette hôtesse, madame Bli… Blicot, Blindot… Je ne sais plus son nom… J’y suis ; Blidot !… C’est ça !… Blidot et sa sœur… Pardi, je veux en avoir le cœur net et m’assurer de ce qu’elle est. J’ai le temps d’ici au dîner, et je vais aller de maison en maison pour compléter mes observations sur madame Blidot. Ces pauvres petits, ils sont si gentils ! et Jacques est si bon ! Ce serait une méchante action que de les placer chez de mauvaises gens, faire leur malheur ! Non, non, je ne veux pas en avoir la conscience chargée. »

Et Moutier, laissant son petit sac de voyage sur la table, sortit après avoir appelé Capitaine. Il alla d’abord dans la maison à côté, chez le boucher.

« Faites excuse, Monsieur, dit-il en entrant ; je viens pour une chose… pour une affaire… c’est-à-dire pas une affaire… mais pour quelque chose comme une affaire… qui n’en est pas une pour vous… ni pour moi non plus, à vrai dire… »

Le boucher regardait Moutier d’un air étonné, moitié souriant, moitié inquiet.

« Quoi donc ? qu’est-ce donc ? dit-il enfin.

MOUTIER.

Voilà ! C’est que je voudrais avoir votre avis sur madame Blidot, aubergiste ici à côté.

LE BOUCHER.

Pourquoi ? Avis sur quoi ?

MOUTIER.

Mais sur tout. J’ai besoin de savoir quelle femme