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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

« Je t’en prie, mon bon chien, va-t’en. Je t’en prie, laisse mon pauvre Paul jouer tranquillement, tu vois bien que tu le déranges, que tu es plus fort que lui, qu’il ne peut pas t’empêcher… ni moi non plus, » ajouta-t-il découragé en cessant ses efforts pour faire partir le chien.


Va-t’en, mon bon chien.

Capitaine se retourna vers Jacques, et, comme s’il eût compris ses paroles, il lui lécha les mains, donna un coup de langue sur le visage de Paul, les regarda avec amitié et s’en alla lentement comme il était venu ; il retourna près de son maître.

Moutier était resté, après le départ de l’hôtesse, les coudes sur la table, la tête appuyée sur ses mains : il réfléchissait.

« Je crains, se disait-il, d’avoir été trop prompt, d’avoir trop légèrement donné ces enfants à la bonne hôtesse… Car, enfin, elle a raison ! je ne la connais guère !… et même pas du tout… le curé m’en a dit du bien, c’est vrai ; mais un bon curé (car il a l’air d’un brave homme, d’un bon homme, d’un saint homme !), un bon curé, c’est toujours trop bon ; ça dit du bien de