Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

Elfy courut au jardin ; elle y trouva Jacques occupé à arracher les mauvaises herbes d’une planche de carottes ; Paul ramassait soigneusement ces herbes et cherchait à en faire de petits fagots.

Au bruit que fit Elfy, les enfants tournèrent la tête et montrèrent leurs jolis visages doux et riants. Jacques, voyant qu’Elfy les regardait sans mot dire, se releva et la regarda aussi d’un air inquiet.

JACQUES.

Ce n’est pas mal, n’est-ce pas, Madame, ce que nous faisons, Paul et moi ? Vous n’êtes pas fâchée contre nous ? Ce n’est pas la faute de Paul ; c’est moi qui lui ai dit de s’amuser à botteler l’herbe que j’arrache.

ELFY.

Pas de mal, pas de mal du tout, mon petit ; je ne suis pas fâchée ; bien au contraire, je suis très-contente que tu débarrasses le jardin des mauvaises herbes qui étouffent nos légumes.

PAUL.

C’est donc à vous ça ?

ELFY.

Oui, c’est à moi.

PAUL.

Non, moi crois pas ; c’est pas à vous ; c’est à la dame de la cuisine qui donne du bon fricot ; moi veux pas qu’on lui prenne son jardin ?

ELFY.

Ha, ha, ha ! est-il drôle, ce petit ! Et comment m’empêcherais-tu de prendre les légumes du jardin ?

PAUL.

Moi prendrais un gros bâton, puis moi dirais à Jacques de m’aider à chasser vous, et voilà ! »